II- Lorsque l'on boit de l'alcool,que se passe-t-il dans le cerveau ?

Le cerveau est l'organe le plus fragile du corps et le plus léger : il représente 2 % du poids du corps humain. De plus, il possède plus de 100 milliards de neurones qui se maintiennent en communication pour effectuer les pensées, les mouvements et les sensations.                                                                                              

Le circuit sanguin conduit l’alcool dans le cerveau par le système sanguin, il est alors expédié vers toutes les cellules, et surtout les cellules cérébrales. En effet, il agit sur toutes les cellules du cerveau : les neurones, en brisant leurs membranes par dissolution des acides gras (phospholipides) qui les constituent. Quelques minutes à peine après avoir été bu, il cause ses premiers effets dans le système nerveux. Le piratage du message du système nerveux modifie le fonctionnement de celui-ci : les cellules cérébrales ne parviennent donc plus à maîtriser le processus de décisions, les réactions de l'individu sont atteintes. Or, le cerveau et le système nerveux sont particulièrement sensibles aux méfaits de l'alcool. En effet, l'alcool est une substance psycho-active c'est-à-dire qu'il est capable de modifier l'activité du cerveau. De plus, étant neurotoxique,  il perturbe les mécanismes de transmission de l'information nerveuse lorqu'il est consommé à fortes doses et peut même détruire les neurones. Ainsi, l'absorption fréquente d'alcool produit la mort des neurones formés dans l'hippocampe du cerveau humain ,siège de la mémoire et de l'apprentissage.

A) Le système nerveux

On peut diviser le système nerveux en deux parties :

_le système nerveux central comprend la totalité des neurones cérébraux (le cerveau) et spinaux (la moelle du dos).

_le système nerveux périphérique contient les nerfs, dont certains recueillent de l'information et d'autres diffusent les ordres. Les nerfs du visage entrent et sortent directement du cerveau. D'autres atteignent le cerveau en passant par la moelle épinière. Les nerfs du système nerveux périphérique sont eux-même divisés en deux catégories : le système nerveux somatique et le système nerveux végétatif.

Le système nerveux somatique commande les mouvements et la position du corps et permet de percevoir par la peau diverses sensations (toucher, chaleur, douleur) et de découvrir par les autres organes des sens le milieu environnant (vision, audition, olfaction). Il est constitué de neurones sensitifs et de neurones moteurs.

Le système nerveux végétatif, appelé également autonome, est un système qui permet de réguler différentes fonctions automatiques de l'organisme (digestion, respiration, circulation artérielle et veineuse, pression artérielle, sécrétion et excrétion). Les centres régulateurs du système nerveux végétatif sont situés dans la moelle épinière, le cerveau et le tronc cérébral (zone localisée entre le cerveau et la moelle épinière).

 

Passez votre curseur sur les titres pour visualiser les systèmes :

  

 

Schéma représentant le système nerveux :

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Voici une vidéo expliquant l'organisation du système nerveux :

 

 

 

 

Le corps neuronal présente une série des prolongements courts nommés dendrites et un prolongement unique, longue, nommé axone. La stimulation des dendrites ou du corps neuronale mène à la formation d'un potentiel d'action ou impulse nerveux. L’impulse nerveux va être transporté le long de l'axone jusqu'aux terminaisons synaptiques. A cet endroit, lors de l'arrivée du signal, des vésicules synaptiques vont venir fusionner avec la membrane cellulaire, ce qui va permettre la libération des neurotransmetteurs (médiateurs chimiques) dans la fente synaptique.   Une synapse est une jonction entre deux neurones, et généralement entre l'axone d'un neurone et une dendrite d'un autre neurone (mais il existe aussi des synapses axo-axonales par exemple).Le signal électrique ne pouvant pas passer la synapse (dans le cas d'une synapse chimique), les neurotransmetteurs permettent donc le passage des informations, d'un neurone à un autre. Les neurotransmetteurs excitent (neurotransmetteurs excitateurs) ou inhibent (neurotransmetteurs inhibiteurs) le neurone suivant et peuvent ainsi générer ou interdire la propagation d'un nouvel influx nerveux.

 

Schéma fonctionnel d'une synapse:

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Schéma de la diffusion d'une information dans le système nerveux :

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II- Le circuit de la récompense

L'alcool passe directement du tube digestif aux vaisseaux sanguins. En quelques minutes, le sang le transporte dans toutes les parties de l'organisme, y compris le cerveau. Ainsi, l’alcool agit sur le circuit de la récompense et provoque une dépendance.

Le circuit de la récompense est un système fonctionnel fondamental des mammifères, situé dans le cerveau, le long du faisceau médian du télencéphale. Ce système de « récompense » est indispensable à la survie, car il fournit la motivation nécessaire à la réalisation d'actions ou de comportements adaptés, permettant de préserver l'individu et l'espèce (recherche de nourriture, reproduction, évitement des dangers ...) Un véritable circuit de la récompense s’est donc développé pour favoriser ces comportements reliés à nos besoins fondamentaux. Ce circuit s’est ensuite élargi pour nous inciter à répéter les expériences plaisantes apprises au cours de la vie. Le circuit de la récompense est donc au cœur de notre activité mentale et oriente tous nos comportements. Ce circuit est complexe mais il comporte un maillon central qui semble jouer un rôle fondamental. Il s’agit des connections nerveuses qui relient deux petits groupes de neurones particuliers. L’un est situé dans l’aire tegmentale ventrale (ou ATV) et l’autre dans le noyau accumbens.Le messager chimique qui assure la connexion entre ces neurones est la dopamine. C’est à cet endroit que la plupart des drogues agissent et produisent une dépendance.

 

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Le fonctionnement du circuit de la récompense en vidéo :

Voir cette vidéo sur Youtube

 

Au niveau cérébral, les effets de l’éthanol sont complexes. Cette molécule psychotrope peut être tantôt stimulante, tantôt sédative, parfois euphorisante, d’’autres fois anxiogènes…

L’alcool est la source de nombreux changements sur les neurones. L’alcool touche directement les neurotransmetteurs de l’acétylcholine, de la sérotonine, du glutamate et du GABA… Il exerce ainsi une action sensible au GABA (acide gamma amino butyrique), une molécule inhibitrice qui ralentit l’activité cérébrale, et sur les récepteurs du glutamate, substance à l’action opposée. Les effets aigus sont essentiellement sédatifs (stimulation du système GABA et inhibition du système à glutamate). Mais, lors de l’abus chronique, une résistance aux effets sédatifs s’installe (désensibilisation), le manque d’alcool s’accompagnant alors d’une hyper excitation. Quant à l’action de l’alcool sur l’humeur, elle est tout aussi complexe. En prise aiguë, il augmente la libération de sérotonine, substance « antidépressive » naturellement sécrétée dans le cerveau. Mais à l’opposé, une exposition chronique conduit à un état neurobiologique typique de la dépression. Et la dépendance ? Elle serait due à une augmentation de la libération de la dopamine, comme « neuromédiateur du plaisir », provoquée indirectement par une action de l’éthanol sur deux autres systèmes neuronaux : le système opioïde, qui met en jeu les endomorphines (substances endogène aux propriétés analogues à la morphine), et le système cannabinoïde (les cannabinoïdes endogènes sont proches de la molécule active du cannabis). L’alcool est-il une drogue ? Sans doute oui, mais une drogue pas tout à fait comme les autres, avec un spectre d’action beaucoup plus large. Ce qui explique que le traitement de l’alcoolisme soit particulièrement difficile

L’animation montre l’exemple de l’effet de l’alcool sur une synapse du GABA. Le GABA a pour effet de diminuer l’activité neuronale en permettant aux ions chlore de pénétrer à l’intérieur du neurone post-synaptique. Le chlore, porteur d’une charge électrique négative, contribue à rendre le neurone moins excitable. Cet effet physiologique sera amplifié par la fixation d’alcool sur le récepteur, probablement en permettant au canal ionique de rester ouvert plus longtemps et de faire ainsi entrer plus de Cl- dans la cellule. Une forte dose d'alcool renforce les effets

inhibiteurs du GABA (somnolence....). L'abus chronique entraîne, au contraire, une hyperexcitabilité due à une "désensibilisation" des récepteurs du GABA. C’est ce type d’adaptation qui causerait l’état d’excitation caractéristique du sevrage à l’alcool.

L'explication de l'action de l'alcool sur les neurones :